Communes de Chantecorps et
Fomperron, Canton de Ménigoute
Département des Deux-Sèvres
Le 29 novembre 1463 décédait aux Châtelliers la veuve de
Charles VII et mère de Louis XI, Marie d’Anjou. Accueillie par l’abbé des
Châtelliers Jean Billard, elle arrivait d’un pèlerinage, par mer, à
Saint-Jacques de Compostelle et venait de débarquer à La Rochelle.
Marie d’Anjou, mariée en 1422 au futur Charles VII, était
une des sœurs du roi René, roi de Naples et de Sicile. Elle était aussi la
petite fille de Louis d’Anjou, qui commanda la célèbre tenture de l’Apocalypse
à Angers. Son grand oncle Jean de Berry fut comte apanagiste de Poitiers
jusqu’à sa mort en 1416. Célèbre collectionneur de manuscrits enluminés et
d’oeuvres d’art, il avait offert vers 1400 le clocher de l’abbatiale des
Châtelliers. Une inscription en ce sens fut en effet retrouvée sur une poutre lors
de la destruction de ce clocher vers 1800.
Son corps fut inhumé à l’abbaye de Saint-Denis auprès
de celui de Charles VII (décédé en 1461). On y voit encore aujourd’hui un
fragment de son gisant (cf. illustration ci-dessous). Ses entrailles furent
placées dans un coffre de cuivre doré, dans le chœur de l’abbatiale des
Châtelliers et Louis XI conféra au monastère le titre honorifique
d’« abbaye royale ».
Le marbre de la basilique de Saint-Denis (dépôt du musée du
Louvre) présente la reine avec le voile et la guimpe de veuve. La couronne a
été mutilée en 1792 et le tombeau profané par les révolutionnaires le 17
octobre 1793.
Marbre, vers 1465, basilique royale de Saint-Denis, cliché Ph. Michaud
Charles VII et Marie d’Anjou vinrent fréquemment à Poitiers,
le parlement siégeant en la Grande salle du Palais, et le roi remercia la ville
pour sa fidélité en lui offrant en 1431 l’Université. En hommage à la reine
Radegonde, des dons royaux furent régulièrement offerts au monastère
Sainte-Croix et à l’église Sainte-Radegonde. Les principaux donateurs furent
Alphonse de Poitiers au XIIIème siècle, frère de saint Louis, Anne d’Autriche
puis Louis XIV, à la fin du XVIIème siècle. Mais il semble aussi que le portail
gothique flamboyant (ci-dessous, cliché Ph. Michaud) ait été un don de Marie d’Anjou (vers 1450 ?),
laquelle prénomma une de ses filles « Radegonde ».
Vers 1770 les religieux des Châtelliers firent orner de
peintures les murs de leur réfectoire (aile Sud). L’auteur des quatre grandes
toiles fut Fançois-Adrien Grasognon dit Latinville (1705-1774), peintre du roi.
L’une d’elles (classée Monument Historique le 4/11/1908, dimensions 2 x 3 m)
représente l’abbé des Châtelliers donnant la communion à Marie d’Anjou, et est
depuis la fin du XVIIIème siècle en l’église Notre-Dame de Niort.
Latinville, Marie d’Anjou reçoit la communion des mains
de l’abbé des Châtelliers,
Niort,
église Notre-Dame, cliché
Ph. Michaud
Ce tableau, exposé en hauteur et en contre-jour dans une
chapelle latérale présente les moines cisterciens priant pour la Reine,
agonisante ; une allégorie de la France éplorée se tourne vers la Foi. La
scène est située dans une église. La hauteur d’accrochage et les reflets ne
permettent pas d’examiner les détails, mais nous pensons qu’il s’agit de
l’intérieur de l’abbatiale des Châtelliers.