Communes de Chantecorps et
Fomperron, Canton de Ménigoute
Département des Deux-Sèvres
Les fouilles archéologiques
de l’abbatiale des Châtelliers, menées en 1887, 1888 et 1889 par Mgr Barbier de
Montault bénéficièrent du travail scientifique d’Emile Espérandieu. Lieutenant
puis capitaine instructeur de l’Ecole militaire de Saint-Maixent, il y
enseignera la topographie et la géographie de 1886 à 1906. Mais dès 1883 il fit
preuve de ses qualités d’archéologue et d’historien en fouillant des ruines
romaines en Tunisie, à l’occasion d’une mission du Corps expéditionnaire. Ses
travaux sur le Kef et le Haut Tell avaient été remarqués aux Belles Lettres.
Portrait d’Emile
Espérandieu en 1889, à Saint-Maixent. Aquarelle de G. de la Morinière.
Avec l’aimable
autorisation du Palais du Roure, Avignon. Cliché Ph. Michaud 2008.
Aux Châtelliers, formant
équipe avec Mgr Barbier de Montault, Alphonse Garran de Balzan et l’instituteur
de Coutières Eugène Allard, il réalisa à l’aquarelle les plans de fouille, les
dessins des carrelages, et l’analyse technique des maçonneries ou terres
cuites. Il se penchera aussi, intrigué par le terme de
« Châtelliers », très fréquent en France, sur l’origine gallo-romaine
du site, sans doute un camp militaire dont l’emplacement fut alors relevé à
l’Est de l’ancienne abbatiale. Les rapports publiés soulignent l’érudition et
l’amicale émulation entre ces archéologues amateurs ou de renom.
Il s’intéressa ensuite à
l’abbatiale de Saint-Maixent puis au baptistère Saint-Jean de Poitiers et aux
ruines de l’époque gallo-romaine en Poitou et Saintonge. Se retirant peu à peu
vers ses origines méridionales, c’est pour cette période de l’histoire qu’il
consacrera désormais l’essentiel de ses recherches, publiant près de 500
articles ou ouvrages sur Nîmes, Narbonne, le pont du Gard, Fréjus…
A partir de 1905 il
deviendra le grand spécialiste d’Alésia. Membre de l’Institut de France (1919 -
Académie des Inscriptions et Belles Lettres), de la Société Royale
d’Archéologie de Belgique, de l’Institut archéologique allemand et de la
Société Nationale des Antiquaires de France, il publiera en 1929 puis 1931 les
deux ouvrages fondamentaux que sont les Recueils généraux des Bas-Reliefs de
la Gaule Romaine et de la Germanie,
étudiant plus de 8000 pièces.
Epoux de la femme de
lettres, collectionneur et archéologue Jeanne de Flandreysy, il lèguera à la
ville d’Avignon la fondation Flandreysy-Espérandieu et le palais du Roure, qui
abrite encore aujourd’hui leurs collections, bibliothèques et fonds d’archives.
Parmi ces documents, il est intéressant de noter un important fonds offert à
Emile Espérandieu par Alphonse Garran de Balzan, concernant la généalogie de sa
famille, et les circonstances de l’acquisition des Châtelliers comme bien
national. La correspondance adressée par Mgr Barbier de Montault à Emile
Espérandieu y est aussi conservée, permettant de suivre de près le déroulement
de leurs études. Un ensemble de 51 carrelages provenant de l’abbatiale des
Châtelliers, offert par Alphonse Garran de Balzan à Emile Espérandieu, a été
récemment mis en dépôt au musée de Saumur.