Communes de Chantecorps et
Fomperron, Canton de Ménigoute
Département des Deux-Sèvres
Correspondant à une campagne
d’embellissements ambitieux du premier tiers du XVIIIème siècle (dont les
aménagements seront poursuivis de 1760 à 1788 par l’entrepreneur de
Saint-Maixent, Pierre Bellat), cette aile resta inachevée au Nord (gauche), où
l’on conserva le logis en rez-de-chaussée du XVIIème siècle, réservé au prieur.
Ceci eut pour effet une dissymétrie par rapport au pavillon de l’horloge (abritant
un grand escalier, dont la rampe en fer forgé était datée 1782, et signée
Jean Berton) et son campanile.
La terrasse, longue de 68 mètres,
était comprise entre deux pavillons, au Nord et au Sud, détruits entre 1906 et
1910. Elle était précédée d’un parapet et du ruisseau des Châtelliers
canalisé ; le pont, une partie des montants du portail et la base de la
façade du pavillon Sud sont aujourd’hui conservés.
La cloche du campanile est désormais
en l’église de Curzay (Vienne). Elle fut achetée en 1929 par le curé de Curzay
au propriétaire des Châtelliers, M. Roy, responsable des démolitions
(1928-1933). Cette cloche porte l’inscription « L’ABBAYE DES CHASTELLIERS JESUS MARIA
JOSEPH 1697 NICOLAS AUBRY FONDEUR » et
fut classée Monument Historique le 21/05/1948.
Cliché anonyme,
vers 1900, coll. Ph.
Michaud.
Rare vue inédite de la même façade
Ouest, après la restauration des toitures et le remplacement des tuiles plates
par des ardoises. Le grand salon d’apparat était au rez-de-chaussée (trois fenêtres
à la gauche du pavillon de l’horloge). Cette aile fut rasée entre 1928 et 1933.
Cliché anonyme,
vers 1918-1920, coll.
Ph. Michaud
Le portail d’honneur des
Châtelliers, avec sa grille (XVIIème siècle) provenant du palais de justice de
Poitiers (où l’on peut encore voir deux grilles du même style). Ce portail est
une création de la famille Garran de Balzan au cours de la première moitié du
XIXème siècle, à partir de pierres prélevées dans le chœur de l’ancienne
abbatiale gothique. Il est dans l’axe de l’ancien pavillon à campanile, jadis
situé au-delà du champ, à une centaine de mètres.
Cliché
Ph. Michaud 2007
Le portail d’honneur du
pavillon Nord, donnant accès à la terrasse de l’aile Ouest. Datant du milieu du
XVIIIème siècle, il fut détruit vers 1906-1908.
Dessin de G.
Girault, vers 1890,
coll. Ph. Michaud
Vue du grand salon
d’apparat, avec son mobilier étudié et publié par Mgr Barbier de
Montault ; les collections de tapisseries d’Aubusson ou des Flandres
étaient célèbres ainsi, par exemple, que les tabourets et le canapé, d’époque
Louis XIV, provenant du château de la Mothe-Sainte-Héraye. Les ventes aux
enchères dispersèrent la totalité des meubles, archives et objets d’art en
décembre 1903, novembre et décembre 1904, puis le 4 mars 1923. Les tabourets
(bois doré et garniture de velours bleu et or) sont réapparus à Paris, lors
d’une vente au Palais d’Orsay le 28 mars 1979 (Ader, Picard, Tajan).
Cliché Jules
Robuchon, 1889, coll.
Ph. Michaud.
Cette aile, perpendiculaire à la précédente,
derrière le grand salon, séparait le cloître de la cour Sud. Son
rez-de-chaussée abritait les cuisines, le réfectoire et le grand vestibule avec
son escalier menant à l’étage et vers l’aile Est, disparue dès les années 1800.
Le réfectoire, orné de boiseries, avait
perdu dès la Révolution ses tableaux, peints vers 1770 par Latinville
(1705-1774), peintre du roi. Ils sont aujourd’hui exposés à Niort, dans les
églises Notre-Dame et Saint-André.
Le thème de deux de ces tableaux est lié à
la venue en Poitou de Bernard de Clairvaux en 1135. En effet, en février 1130,
à la mort du pape Honorius II, deux papes furent élus, Innocent II et Anaclet
II. Bernard reconnut celui élu selon les règles, Innocent II. Mais le puissant
comte de Poitiers, Guillaume X d’Aquitaine, reconnut Anaclet II et déposa
l’évêque de Poitiers favorable à l’avis de Bernard. Une entrevue entre
Guillaume et Bernard se serait passée à Parthenay, le moine raisonnant le
comte-duc. Une tradition non prouvée mais flatteuse pour les Châtelliers
indique que Bernard aurait, à cette occasion, séjourné au monastère, alors
juste fondé depuis une quinzaine d’années. L’extrémité Est de l’hôtellerie
était d’ailleurs qualifiée de « Chambre de Saint-Bernard », alors que
le bâtiment (détruit en 1989) datait des XIIIème et XVème siècles.
Un de ces grands tableaux (ci-dessous),
représente Bernard en présence d’Innocent II. Classé Monument Historique le
4/11/1908, il mesure 2 x 3 m.
Latinville, Saint Bernard
foulant le schisme d’Anaclet devant Innocent II, 1772, Niort, Notre-Dame.
Cliché Ph.
Michaud 2007
Le second tableau représente « Le duc d’Aquitaine restitue son siège à
l’évêque de Poitiers » et est daté de
1770. En mauvais état, il est accroché à Saint-André de Niort. Classé Monument
Historique le 21/10/2002, il mesure 2 x 3 m.
Un troisième tableau, exposé à Notre-Dame de
Niort, figure la dernière communion de la reine Marie d’Anjou (cf. page
correspondante).
La quatrième et dernière peinture de
Latinville est un grand « Christ en croix ». Il est exposé en hauteur dans une chapelle de
Saint-André de Niort. Classé Monument Historique le 4/11/1908, il mesure 1,40
x1,75 m.
Le grand vestibule et son escalier furent
détruits vers 1906-1908 ; la démolition générale des années 1928-1933 fit
disparaître le reste. A l’étage, un couloir dont les hautes fenêtres donnaient
sur le cloître, ouvrait sur les cellules, orientées plein sud.
Cette aile fut en grande partie détruite dès
les premières années du XIXème siècle. Adjacente au bras Sud du transept, elle
abritait au rez-de-chaussée la salle capitulaire et à l’étage des cellules et
la bibliothèque. Une dizaine de mètres de son rez-de-chaussée subsistent
aujourd’hui dans une servitude, avec quelques départs de voûtes, correspondant
à une salle dont on fit une chapelle temporaire entre l’incendie de 1568 et la
restauration de l’abbatiale en 1685.
En prolongement de cette aile Est, au-delà
d’une allée autrefois plantée de hêtres et qui menait au logis des abbés
commendataires, à l’Est du monastère, existe toujours une imposante servitude,
de belle allure (ci-dessus et ci-dessous façade Ouest, clichés Ph. Michaud 2007 et 2008).
Constituée d’un rez-de-chaussée et d’un
étage, elle fut, selon le plan traditionnel des abbayes cisterciennes, occupée
par l’infirmerie des moines. Les maçonneries datent en partie du XVème siècle
(contreforts), et les ouvertures furent remaniées au début du XVIIIème siècle.
La magnifique charpente est protégée par d’inesthétiques mais efficaces
tôles ; elle peut être datée des années 1700-1720.
L’ensemble des bâtiments conventuels fut
vendu vers 1906 à un marchand de biens de Saint-Maixent, Alphonse Garran de
Balzan se retirant dans les bâtiments des « convers », jusqu’à sa
mort le 28/08/1915. Le marquis Gilbert de Maussabré loua l’aile Ouest dès 1906
pour y fonder une laiterie, qui rejoignit le groupe « Les laiteries du
bocage gâtinais » (Sanxay, Vouhé, la Chapelle Bertrand, Secondigny et
Verruyes). La laiterie des Châtelliers fermera en 1913, concurrencée par celle
de Ménigoute, fondée par le maire de Chantecorps Eugène Caillaud.